Présentation de notre gestion apicole.

 

Je choisis la méthode de Marc Bonfils, la juxtaposition latérale, car elle est au mieux adaptée à l'écologie de l'abeille et par sa simplicité au domaine agricole des jardins du cœur ; de plus je l'ai, déjà expérimentée dans le passé.

Afin d'optimiser nos échanges avec les abeilles ; je pense que nous devons tout d'abord comprendre, pourquoi elles font beaucoup de miel ?

 

Les abeilles ont besoins de tout ce miel pour avoir à profusion une réserve de calories afin de passer l'hiver (22 à 25°c ) puis de couver leurs larves (appelé couvain) 35°c minimum , voir 37°c au cœur de la grappe !

 

Alors pour prendre une bonne partie de ce miel sans leur nuire ; je me sens redevable de leur offrir un bon abri, parfaitement isolé et très bien aéré : cloche de paille isolée de 20 cm de laine de bois. Je vais utiliser au mieux, mes compétences sur la bio climatisation et la géobiologie pour la conception, l'emplacement et la gestion du rucher.

 

Je leur offre des fleurs à butiner, la protection contre les prédateurs, du miel en suffisance pour la nourriture, de l'eau avec un abreuvoir automatique intégré dans chaque socle de ruche, un abri optimisé protégé des grands vents et si besoin des soins naturels à base de plantes médicinales dont des tisanes au miel et des huiles essentielles.

 

En échange elles assurent la fécondation de beaucoup de plantes, et par leur métabolisme extrêmement rapide ainsi qu'une durée de vie courte : les cadavres et les excréments contribuent à la qualité fertile du sol.

 

Je placerai discrètement mes ruches sous la toiture du poulailler, proche de notre habitation. Afin d'éviter les renards à 2 pattes, de favoriser l'espace de ce poulailler, d'optimiser mes déplacements, de pouvoir observer régulièrement et facilement les colonies (sans les déranger), de les manipuler sans les enfumer ; cela avec facilité grâce à la disposition du locale, la vitre et aux roulettes fixées sous chaque plateau.

 

Les abeilles profiteront des conditions favorables du poulailler : isolation très importante, climatisation naturelle, protection contre les prédateurs et des visites quotidiennes.

 

 

 

Ce sera une paire de ruche cloche, d'un volume de 35 litres chacune, adaptée à notre région, avec hausses de 15 litres pour les bonnes ou exceptionnelles années mellifères.

 

Je choisis la paille car elle est économique, résistante, souple, très saine : isolante et elle respire ; de plus elle à une bonne vibration grâce à la cilice qu'elle contient. Je rajoute par dessus un manteau de 20 cm de laine de bois habillé d'une toile de coton bien serrée. Et j’installe mes ruches sous abri.

 

Un plateau emboîtable pour chaque panier, avec roulettes fixes, un abreuvoir automatique intégré, et une vitre en son milieu recouverte de 2 plaques souples qui se glissent sur le coté, pour faciliter le contrôle par l'observation régulière de dessous. Ces plaques facilitent les traitements à base d'huiles essentielles pour contrôler les poux des abeilles. Une lampe rouge et une bonne loupe permettent une observation bien détaillée, sans dérangement, car les abeilles ne voient pas la lumière rouge ; et bien sûr, sans jamais les enfumer. Proportionnellement à leur poids, les abeilles ont besoin de 1000 fois plus d'air que nous !

 

Le stock de miel reste plus facile à consommer dans une ambiance chaude et humide : 37 à 40°c. même si l 'hiver est très très froid. Ainsi grâce au cycle de l'eau (dans ces conditions le miel désoperculé absorbe l'humidité), les abeilles n'auront pas besoin de s'exposer à la mort pour aller chercher à boire et économiseront beaucoup de miel pour maintenir la grappe hivernante à 22 à 25°c et la dès que possible couveront le couvain de 35 à 37°c avec 3 ou 8 semaines d'avance.

La colonie propolisse parfaitement l'intérieur de toutes les parois, de plus la forme en cloche de la ruche, bien isolée et aérée, permet : en plus du recyclage de l'eau, la réflexion de la chaleur et en fin d'hiver, un petit volume à réchauffer, adapté à l'importance de la grappe d'abeilles. Cela peux permettre à de très faibles colonies, même atteint de warroa, de passer un hiver rigoureux !

 

J'ai conçu un plateau d’envol à 4 étages qui évite les embouteillages d'abeilles durant les grandes miellés et une parfaite circulation de l'air de renouvellement de la colonie, associée à une protection contre les prédateurs que sont les fourmis, les mésanges charbonnières ou les guêpiers, ainsi que les rongeurs et de tous les autres éloignés par les système de protection du poulailler. Cette plate-forme d’envol est aussi détachable du plateau supportant la ruche, afin de faciliter la rotation de ceux ci. Un abreuvoir automatique sera disposé dans chaque plate-forme.

Pour minimiser l'impact des frelons j’installe des habitats pour des abeilles sauvages qui disperseront la prédation des frelons.

La poule comme prédateur du frelon asiatique et des libellules (cordulégastre annelé):

Jadis dans les fermes, les poulaillers côtoyaient les ruches. Les gallinacés étaient assez friands de tout ce qui tombait de la ruche (nettoyage des abeilles). L'avantage des volailles est de becqueter tout ce qui leur passe sous le nez, sauf pour les abeilles qui savent très bien dissuader les gallinacés trop entreprenants.

Les premiers travaux réalisés sur le comportement de défense des abeilles asiatiques contre les frelons avaient montré que plusieurs dizaines d'abeilles entourent le prédateur en formant une boule autour de lui et le tuent en produisant de la chaleur « thermo-balling » à une température supérieure à la température létale du frelon. Les abeilles chypriotes, (les européennes) qui présentent la même température létale que celle du frelon asiatique (50°C), ne peuvent pas le tuer par la technique du « thermo-balling ». Pour survivre aux attaques de ce prédateur, elles ont développé une nouvelle stratégie : l'étouffement, probablement très rare dans le règne animal. Des abeilles en bonne santé peuvent très bien s'adapter à une nouvelle menace.

Pour les parasites et maladies des abeilles, je compte sur l'optimisation de leurs défenses immunitaires naturelles, par un habitat très bien isolé et aéré à la fois. La paille est le matériau le plus sain pour l'habitat, c'est celui qu'elles préfèrent, si on leur laisse le choix. Je n'enfume jamais les colonies et j'utilise uniquement le miel pour compléter la nourriture à la fin de l'hiver, si très exceptionnellement la colonie n'a plus de réserve.

 

Et aussi des tisanes au miel avec des traces de geler royale et de pollen parfois additionnées de vitamines naturelles qui les aident à prévenir ou à luter contre :

LA NOSÉMOSE Maladie des régions montagneuses, elle est due au Nosema apis présent dans l'intestin des abeilles. Elle entraîne une diarrhée et une diminution des mouvements des abeilles.

L'ACARIOSE C'est un pou de taille infinitésimale se logeant dans les tubes respiratoires des mouches à miel. La maladie se propage très vite et peut engendrer des problèmes d'envol pour l'abeille.

LA PARALYSIE Aussi appelée le mal de mai, elle se caractérise par des convulsions causées par un empoisonnement.

LE MAL NOIR OU MAL DES FORÊTS Les abeilles expulsent certaines d'entre elles, car celles-ci sont devenues noires à cause de l'absence de poils.

MALADIES DU COUVAIN :

LA LOQUE Maladie caractérisée par une forte senteur malodorante. La loque gluante ou américaine est l'une des plus virulentes : elle touche principalement les larves, elle provient d'un microbe subissant deux stades d'évolution (végétative et de résistance). Elle se répand très vite à cause de la présence de spores. en cas de forte épidémie, il faut isoler les autres ruches saines. La loque d'origine européenne est moins grave : elle atteint le couvain et est d'origine microbienne, elle survient le plus souvent dans les petites colonies en présence d'humidité et de froid. L'apiculteur la décèle en faisant le test de l'allumette.

LE COUVAIN SACCIFORME Infection virale qui peut être soignée par une exposition à une température de 60 °C durant 10 minutes. L'humidité est un catalyseur de sa propagation. Pour y remédier, il faut introduire une nouvelle reine et veiller à la propreté de l'habitat.

Si besoin j'utiliserai les huiles essentielles contre les poux principalement en fin d'été et d'hiver. Au mieux en dehors des périodes de stockage du miel afin d'éviter, d'aromatiser le miel que je souhaite récolter.

Les traitements d'H. E. seront réalisés vers 12h, que si le temps est ensoleillé ou sec inférieur à 85% d'humidité et sans vent froid. L'hiver : huile essentielle d'eucalyptus globulus 50 ml, huile essentielle de lavande 4 ml (Lavandula officinalis  ou  Lavandula angustifolia) 6 gouttes du mélange par ruche à renouveler 15 jours plus tard. De mi mars à mi avril pour le traitement de printemps, et de mi août à mi septembre pour le traitement de fin d'été :..huile essentielle de clou de girofle (Eugenia caryophylla) 4 ml, huile essentielle de lavande (Lavandula officinalis ou Lavandulaangustifolia) 4 ml, huile essentielle de géranium (Pelargonium x asperum) (Geranium bourbon ou d'Égypte) 4 ml, huile essentielle de vétiver (Vetiveria zizanoides) 1 ml (facultatif), huile essentielle d'Eucalyptus globulus 240 ml.  Afin que les abeilles puissent bien les tolérer, il faut bien les mélanger : à 12° C, 8 gouttes ; à 25° C, 10 gouttes du mélange par ruche en 3 X espacés d'une semaine entre chaque traitement.

 

 

Dans les ruches rondes, en forme de cloche, parfaitement isolées et très bien aérées :

Les colonies consomment beaucoup moins de miel, surtout avec de plus grandes facilités par grand froid (grâce à la chaleur plus clémente) et en été par les grandes chaleurs, les abeilles rafraîchissent la ruche, avec beaucoup moins de dépense d'énergie (de miel). Les butineuses sont aussi plus productives. Il a été observé, dans ces ruches de paille, en cloche bien isolée et aérée, que les butineuses pouvaient vivre de 6 mois à 1 an et ½  au lieu de (3 et 4 semaines l'été et entre 3 et 4 mois l'hiver ); et la reine de 4 à 7 ans (au lieu de 3 à 5 ans dans les ruches classiques) .

Cela confirme les nombreux avantages de cet habitat et de plus, la technique de juxtaposition, en supprime les inconvénients :

  • Le couvain est toujours élevé en priorité dans la nouvelle cire (facteur de bonne santé) et le miel stocké dans les anciennes alvéoles contenant des traces de pollen et gelée royale. Ce miel sera meilleur à notre santé et celle des abeilles. Ainsi la plus vielle cire (risque de maladie pour les abeilles) sera éliminée avec la récolte.

  • Les abeilles dépenseront beaucoup moins d'énergie (miel), pour maintenir la bonne température (22°c minimum pour la colonie et impérativement à 35°c pour l'élevage du couvain l'idéale étant 37° et c'est bien cette température qu'elles cherchent à atteindre au centre de la grappe couveuse). Il est à noter qu'à une température inférieure à 8 ou 10° C l'abeille s'ankylose et ne bouge plus. Cette limite inférieure de température lui est fatale.

  • Au début du printemps, surtout s'il est froid, les abeilles élevées ainsi auront plus d'avance (3 ou 8 semaines) sur les autres colonies des ruches Dadant et autres du même genre. Ces abeilles seront bien plus performantes sur les premières et un peu sur les dernières récoltes.

  • Durant les grosses canicules d'été, elles économiseront beaucoup d'énergie (miel), pour ventiler le couvain et elles seront aussi plus disponible pour butiner.

  • En cas affaiblissement de la colonie, des apports exceptionnelles de nourriture seront uniquement, du miel ou de la tisane (tiède) de miel avec des traces de pollen et gelée royale, pour optimiser leurs défenses immunitaires : prévenir ou lutter contre la nosémose ou d'autres infections. La nosémose est une maladie parasitaire de l'abeille due à un parasite de la classe des fongidés. Cette pathologie est due à la prolifération dans les cellules intestinales de Nosema apis ou Nosema ceranae  (favorisée par les hivers ou printemps froids et humides). Cette maladie attaque la paroi intestinale de l'abeille. En condition normale ces parasites sont inoffensifs. C'est bien là un des avantages de la cloche de paille. Mais en raison d'une mauvaise digestion (froid et humidité), un virus filtrant pénètre dans le noyau des cellules épithéliales, permettant aux parasites d'attaquer ces cellules. Les abeilles meurent de cette maladie vers avril ou mai. C'est le fameux mal de mai !

  • La grande facilité d'observation quotidienne, permet une intervention rapide en cas de problème.

  • Mes colonies ne seront jamais enfumées, proportionnellement à nous, les abeilles ont besoin de beaucoup plus d'air (d'environ 1000 fois plus) et leur système respiratoire sans poumon est très fragile. Des poux peuvent envahir facilement leurs tubes respiratoires. Alors l’alternative à l'enfumage est très importante à leur bonne santé (l'acariose). La technique de la juxtaposition latérale permet tout cela.

  • La forme ronde et en cloche permet à la colonie de lutter plus facilement contre les attaques de la fausse teigne, car les fausses teignes ont tendance (pour pondre), à se réfugier dans les coins de la ruche moins fréquentés (surveillés) par les abeilles. C'est un papillon de nuit, de la famille des mites, qui pond dans les ruches et dont les larves se développent dans les rayons de cire de la ruche et pouvant détruire aussi du couvain.

  • Sans cadre ni cire gaufrée, la colonie construit comme il le faut ; c'est à dire en rapport à la circulation de l'air, également important pour leur bien être. Les cireuses si elles sont au chômage car l'apiculteur leur donne des cadres pré-gaufrées elles sont de plus mauvaises butineuses qui vomissent de la cire sur les plantes qu'elles butinent ! (gaspillage)

     

Pour conclure j'ose affirmer que les colonies ainsi élevées, sous cloche de paille, sont beaucoup moins stressées (qualité vibratoire de la paille et de la forme arrondie) ce qui permet aux abeilles de vivre très bien, plus longtemps et très performantes pour les récoltes (hors transhumance). Car la reine est capable d'anticiper les bonnes miellés en adaptant son rythme de ponte afin de fournir plus ou moins de butineuses adaptées au moment et potentiel des récoltes.

 

Il me reste plus qu'à planter des acacias, semer du mélilot (et des aromatiques pour notre et leur santé) dans le verger et entre mes plates-bandes de légume. Le mélilot est un excellent fourrage apportant de l'azote et beaucoup de miel.

 

Pour récolter le miel, je le presse ou laisse les pains s'écouler par gravitation, cela améliore la qualité et la conservation de celui-ci. Les abeilles, grâce à leur salive déposent divers agents stérilisant le miel. Ces agents sont préservés par le pressage mais peuvent être détériorés avec les centrifugeuses. Ainsi le miel aura plus de saveur grâce aux diastases, enzymes et vitamines freinant les fermentations alcooliques.